Information du 2 mars : L’Ailante glanduleux.

Grand Site de Solutré : La lettre d’info de mars🔔 !
Le Grand Site connaît sur son territoire l’invasion de diverses espèces végétales. Outre la propagation du buis, qui menace notamment la biodiversité des pelouses calcaires, et contre lequel le Grand Site agit depuis plus de 20 ans, une autre espèce végétale ligneuse nommée Ailante glanduleux fait irruption rapidement et massivement au sein des prairies calcicoles du Monsard, sur la commune de Bussières. Un problème de taille puisque ces espaces, qui sont protégés et préservés au titre de Natura 2000, se composent d’habitats d’intérêt européen. Originaire de Chine, il a été introduit en Europe au 18ème siècle pour ses qualités esthétiques. Toutefois, sa présence a de forts impacts à la fois économiques, sociaux et sociétaux, mais également sur la biodiversité et sur le fonctionnement des écosystèmes. En général, il essaime ou drageonne depuis des jardins d’habitations proches. Ce végétal est surnommé Frêne puant en raison de l’odeur nauséabonde de sa sève irritante. Ses racines sont tellement puissantes qu’elles peuvent fissurer la roche calcaire.De plus, elles émettent des composés acides et dégagent des substances toxiques qui inhibent la germination des graines des espèces environnantes. Aucune espèce animale ne peut la consommer à cause de cette toxicité ; le pâturage ovin mis en place sur le Monsard ne peut donc pas aider à la lutte contre son développement. Qui plus est, son élimination n’est pas simple car elle rejette des souches qui peuvent donner lieu à de nouvelles repousses et l’arrachage doit impérativement se faire à la pioche et à la main. Face à cette problématique, un plan d’actions sur plusieurs années a été défini en 2022 par la municipalité de Bussières avec l’appui du Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne et du Grand Site. Le but de cette démarche est d’éradiquer l’espèce pour ne pas compromettre le développement des plantes endémiques du milieu et le maintien des moutons sur le site. Actuellement, il s’agit seulement d’arracher les jeunes pousses d’ailante : après deux ans, si la limitation des rejets fonctionne, un écorçage de l’ensemble des arbres du bosquet le plus important où se trouve le pied mère sera mis en place pour tenter de l’épuiser.

Ailanthus altissima, Ailante glanduleux,« Frêne puant ». Simaroubacée. 15-27m. Assez commun.

Toutes les parties de la plante dégagent une odeur forte qui est souvent comparée à celle du tabac, d’arachides, ou de noix de cajou pourries. Grandes feuilles composées (30 à 90 cm  ). Dioïque, ses fleurs sont petites et groupées en grandes panicules pouvant atteindre jusqu’à 50 cm de longueur situées à l’extrémité des nouvelles pousses. Les fleurs sont d’un vert jaunâtre à rougeâtre, chacune ayant cinq pétales et sépales une écorce lisse et grise et a pour fruits des samares. Vit rarement plus de 50 ans, mais peut cependant poursuivre son existence bien au-delà grâce à son pouvoir drageonnant particulièrement développé. A été introduit, comme arbre d’ornement ou pour l’élevage du Bombyx de l’ailante pour la production de soie. L’industrie ne remporta pas un franc succès, les européens préférant la finesse et la brillance de la véritable soie.
Subsistent aujourd’hui au cœur des Cévennes, à l’heure des tissus de synthèse, de vastes colonies.

Jeune, il peut être confondu avec le Sumac vinaigrier (Rhus typhina), mais un Sumac adulte ne dépasse guère 5 mètres. Malgré ses nombreux défauts (odeur désagréable de son feuillage froissé, bois cassant sans valeur, fort pouvoir allergisant de sa sève, et un miel fabriqué à partir de son nectar qui sent l’urine de chat), il est devenu un élément du paysage arboré européen. Sa formidable adaptation aux milieux pollués, où la concurrence végétale est forcément réduite, combinée à sa croissance rapide, l’on promu sur la liste rouge des invasives dans de nombreux pays (Danemark,  Hongrie, Suisse, Espagne, Canada et USA; en France, on s’en méfie plus ou moins selon les régions). Pierre-Yves.

Auteur/autrice

  • Pierre-Yves Raba

    Passionné par la nature et ses richesses, j'aime découvrir, photographier, apprendre et partager mes connaissances. N.B. : Je suis ouvert à vos remarques pour améliorer le site, merci de les laisser sur le site. Si vous cherchez si j'ai posté des informations sur une espèce, tapez son nom dans la fenêtre RECHERCHER en bas d'un article. Comme d'autres, nous avons l'intime conviction que les connaissances, qu'elles soient le fait d'amateurs ou de scientifiques de renom, doivent être mises à la disposition de chacun, pour former une bourse du savoir gratuite et sans prétention.

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