Sortie Roche noire 15 mars 2023.
Le lieu de rendez-vous de notre sortie était sur le parking du musée de Solutré.
Etaient présents : Chrystèle, Marie et Gérard, Mireille, Marie-claire et Roland.
Nous sommes alors partis sur le deuxième point de rendez-vous, à savoir l’entrée de « Roche noire » où Jean Claude s’est joint à nous.
Le but de la sortie était :
– de découvrir différents types de lichens, (8 % de la surface terrestre !),
– de rechercher quelques plantes printanières,
– d’observer quelques animaux,
– de reconnaître quelques arbres de la forêt à leur tronc,
– d’observer quelques phytoparasites, en particulier sur les feuilles de ronces.
Rappels sur Roche noire vus en 2019 :
Au milieu de l’ère primaire, vers -430Ma (Millions d’années), la dérive des continents les conduit à converger en une seule masse. Il y a 350 Ma une phase de relâchement commence. La diminution de pression engendre en profondeur la formation de magmas qui remontent sous la forme de gigantesques bulles qui cristallisent à quelques km de la surface alors que des laves acides (riches en silice) parviennent en surface par des fissures. Ainsi, Roche noire (comme la carrière de Rampon à Verzé, 10km plus au nord) est formée d’une roche volcanique rosée contenant des minéraux visibles à l’oeil nu, une rhyolite.
Ce dôme rhyolitique est essentiellement recouvert comme la la lande du bois de Nancelle par une végétation rase de callune.
Cette 2e sortie à Roche noire a été l’occasion de se pencher à nouveau sur des catégories d’organismes particulières : les lichens et les mousses, en effet, le milieu minéral est très difficile à coloniser, d’autant qu’il est comme ici en relief. Les lichens sont des espèces pionnières qui contribuent à générer des sols dits néosols en colonisant des surfaces inhospitalières comme ici un dôme de rhyolite. Ils sont constitués d’une association à bénéfices réciproques (symbiose) entre un champignon et une algue.
Rappels sur la structure des lichens :
La louvetière : Une coupe de lichen montre qu’ils sont formés par une association de 2 êtres vivants : un champignon et une algue (ou une cyanobactérie autrefois appelée algue bleue). Le premier protège l’algue, lui apporte l’humidité dont elle a besoin ainsi que les sels minéraux ; cette dernière nourrit le champignon grâce à la matière organique qu’elle fabrique par photosynthèse.
Cette association à bénéfices réciproques est appelée symbiose ; elle permet de résister aux écarts de température importants et à la pauvreté des ressources nutritives.
Les lichens ont colonisé tous les milieux (jusqu’aux roches, déserts et sommets des montagnes).
Ils représentent la biomasse (masse de matière vivante) la plus importante en Antarctique.
La partie champignon des lichens pompe et filtre tout ce qui se trouve dans l’atmosphère. Ainsi les lichens fixent et concentrent la plupart des polluants atmosphériques. La sensibilité à la pollution est variable
en fonction des espèces. C’est pourquoi les lichens sont utilisés comme détecteurs pour étudier l’intensité des différents types de pollution atmosphérique.
A l’état sec les lichens deviennent cassants. Leurs fragments dispersés par le vent, les animaux ou la pluie, seront capables de régénérer un thalle. La reproduction permet au lichen de coloniser de nouveaux substrats lorsque les conditions sont favorables.
Les lichens comptent environ 20 000 espèces dans le monde dont 2 000 en France.
-Sur les troncs de ces peupliers, nous avons utilisé nos loupes pour observer de près quelques lichens corticoles ou épiphytes.
Lecanora et Lecidella sur tronc de Frêne, dans le bois avant d’arriver sur la rhyolite.
Une hypothèse est que la manne du désert pourrait avoir été un lichen de cette famille (Lecanora esculenta par exemple), dont certains s’épanouissent après les rares pluies, avant de se détacher de leur support pour former des globules de la taille d’un pois chiche. De tels lichens servaient (servent encore?) de nourriture aux animaux et humains (en Algérie, au Turkestan ou en Égypte, broyé avec de l’orge pour faire un pain grossier) dans les déserts.
-Le chemin était jonché de chatons de Peuplier tremble (Populus tremula, Salicaceae)
Les peupliers ont une particularité, la même que les saules : les arbres sont, soit mâles soit femelles.
C’est donc un arbre dioïque* chacun individu présentant son type de chatons au printemps, avant ses feuilles. Leurs chatons sont composés de fleurs en grappes pendantes n‘ayant ni pétales, ni sépales mais des écailles lui donnant un « aspect poilu ».
*Se dit d’une espèce dont les fleurs unisexuées mâles (à étamines) et femelles (à pistil) sont portées par des pieds différents, comme l’ortie (Urtica dioïca, Urticacée)
Les chatons des arbres femelles font 6 à 8 cm et portent des ovaires vert pâle,
Les chatons des arbres mâles font 8 à 10 cm et portent des étamines rose vif.
Le lendemain, en sortie géologique à RAMPON avec des classes d’autres collègues, j’ai pu en photographier sur des arbres moins grands. (Photos ci dessus)
-Plus loin, dans un tas des pierres, des calcaires à gryphées et des marnes à Bélemnites qui seront étudiées lors de la sortie géologique prévue ce printemps. (age : -194 à -170Ma)
-A la sortie du bois, nous avons débouché sur la lande de Roche noire :
-Cladonia rangiferina (terricole fruticuleux) : Certains représentants du genre (plus de 400 espèces) habitant les régions arctiques sont bien connus en raison de leur importance dans l’alimentation de quelques animaux, dont le renne, le caribou et les bœufs musqués ; ils sont généralement connus sous le nom de lichens des rennes.
Le renne : Rangifer tarandus.
-Nous sommes allés à la recherche d’ossements de petits mammifères, restes de repas laissés par un Hibou grand-duc qui avait été découvert en 2019 (voir compte-rendu de la sortie Roche noire 2019), il semble toujours présent car nous en avons trouvé encore, ainsi que des os d’un plus grand mammifère de la taille d’un renard :
-Nous avons ensuite longé le bord est de l’escarpement en remontant vers le nord :
-Nous y avons observé plusieurs types de lichens.
Umbilicaria pustulata (= Lasallia pustulata), forme deshydratée.
Thalle foliacé. Nous l’avons trouvé sur les parois inclinées ou presque verticales à surface de blocs de rhyolite. Il colonise les rochers siliceux dans des stations à air ambiant plutôt sec, exposées à tous les temps, bien éclairées et même au soleil. Saxicole, calcifuge.
Il est ombiliqué (fixé au rocher par un crampon central unique, l’ombilic). Ses rebords, de couleur gris brun ou brun foncé, sont très irrégulièrement ondulés, avec de grosses pustules convexes, rondes ou ovales, blanchâtres souvent pruineuses.
-Le même lichen observé au niveau d’une zone plus humide : il devient vert et se gonfle ici au milieu d’une touffe de mousse (Polytric sp.). Il est consommé au Canada où il est appelé « tripe de roche ».
Les pluies ( ici un ruisellement ) déclenchent une réhydratation très rapide (cette faculté est qualifié de de reviviscence); la face supérieure du thalle prend alors une teinte verdâtre, couleur qui traduit la reprise d’activité photosynthétisante des algues vertes.
C’est un lichen crustacé, saxicole, calcifuge, héliophile, très commun dans les régions de montagne où il se rencontre jusqu’à l’étage nival.
Il forme des plaques de couleur générale jaune ou verte sur les rochers siliceux (ici la rhyolite, qui a la composition chimique d’un granite) des montagnes et des bords de mer. Il doit son nom à son aspect mosaïque faisant penser à une carte géographique.
Ce lichen vit jusqu’à 4 500 ans dans des zones froides et arides. Cette caractéristique est utilisée en lichénométrie.
N.B. : On distingue plusieurs sous-espèces.
Un lichen terricole : Cladonia pixidata.
N.B.: Cladonia (du grec klados « rameau », allusion aux ramifications du thalle secondaire de certaines espèces)
Le sexe est visible à la pointe arrière de l’abdomen, le mâle possède des crochets pour maintenir la femelle durant l’accouplement. La femelle ne possède pas cet appendice.
En France, les 2 Lestes (genre Sympecma) sont les seuls odonates à passer l’hiver au stade imago. Appelées brunettes en raison de leur coloration, ce sont également les seuls Lestes à tenir habituellement leurs ailes jointes au repos. Leste enfant : (Sympecma paedisca) et Leste brun (Sympecma fusca).
Les zygoptères (Zygoptera) forment un sous-ordre d’insectes appelés demoiselles (dont les agrions, les caloptéryx, les ischnures, etc.). On les distingue des libellules au sens strict, surtout par leur corps plus grêle et leurs ailes généralement repliées au repos.
J’avais observé des différences beaucoup plus marquées au niveau de la terminaison de l’abdomen chez des Ascalaphes soufrés le 26 mai 2021 sur une pelouse sèche calcaire à Solutré.
J’ai choisi de vous présenter cet exemple car les mâles ont des valves (ou cerques) particulièrement développées. Ces appendices lui servent à maintenir la femelle lors de l’accouplement.
Cet insecte étrange et très beau est à mi-chemin entre les libellules et les papillons.
N.B. : Pour déterminer cette espèce (il en existe 10 espèces en France), outre sa couleur souffrée, observer que la tache noire des ailes postérieures s’étend jusquà l’angle inférieur, proche de la terminaison abdominale. Ils sont diurnes et volent par temps chaud. Ils sont surtout liés aux milieux thermophiles (pelouses, friches…), et majoritairement méditérannéens. Pour aller plus loin….
Après cette obsetrvation, le groupe de Semina descend du sommet de Roche noire vers la forêt où coule le ruisseau l’Arlois.
Nous faisons le bilan sur les lichens :
On peut classer les lichens selon l’endroit où ils poussent (corticoles, saxicoles, terricoles, etc,
ou selon leur morphologie :
Les principaux types sont les lichens :
-à thalle crustacé, en forme de croûte plus ou moins lisse, ils adhèrent fortement à leur support.
-à thalle squamuleux, composé de petites écailles, forme intermédiaire entre les thalles crustacés et les thalles foliacés.
-à thalle foliacé, composé de lobes élargis ressemblant à de petites feuilles.
-à thalle fruticuleux, ils peuvent être plus ou moins buissonnants, dressés ou pendants et plus ou moins ramifiés, ils n’adhèrent à leur support que par une surface très réduite.
Nous entrons dans la forêt pour déterminer quelques arbres à partir de leur tronc.
Nous avons vu un petit coléoptère noir, tout rond, bloqué sur un caillou au milieu du ruisseau de l’Arlois. Il présente la particularité, en cas de dérangement, de faire le mort puis d’émettre par la bouche mais aussi par les articulations, un liquide rouge-orangé qui aurait un très mauvais goût pour les prédateurs.
Ce liquide est de l’hémolymphe. Ce phénomène, de « saignée réflexe » existe chez d’autres insectes aptères. De ce fait, il est appelé « crache-sang ». Si, chez la plupart des coléoptères, les élytres s’ouvrent pour laisser sortir les ailes au moment de l’envol, chez notre espèce, elles sont soudées : il ne peut que marcher.
A quelle famille appartient ce coléoptère ?
Ses antennes épaisses et linéaires montrent qu’il n’appartient pas au groupe des scarabées (comme la Cétoine dorée (Cetonia aurata) ou le « hanneton des roses »).
N.B. : Le groupe des scarabées compte plus de 30.000 espèces !
Plusieurs détails importants vont nous aider :
- – la forme arrondie du corps,
- – les yeux bien développés,
- – les antennes insérées en avant des yeux et ne dépassant pas la moitié de la longueur du corps
Ces trois caractères permettent de caractériser les Chrysomélidés.
C’est le Timarque obscur, (Timarcha tenebricosa).
Nous en avons recontré 2 espèces :
–Timarcha tenebricosa (« Grand Timarche »)
-Timarcha goettingensis (« Petit Timarche »).
Les « Timarches » sont inféodées aux Rubiacées comme les « Gaillets ». Lien pour aller plus loin.
La femelle Crache-sang pond ses œufs au printemps exclusivement sur des gaillets tendres.
N.B. 1 : Le gaillet est ainsi nommé car il contient des enzymes (présure) qui font cailler le lait (caille-lait = gaillet), mais les plantes de cette famille produisent aussi des substances toxiques dont le Timarcha s’accommode apparemment très bien.
N.B. 2 : Timarcha viendrait d’un terme grec désignant les élites de l’antiquité qui, pour attester de leur honorabilité, devaient adopter une démarche flegmatique et distinguée.
Une des particularités de la larve outre son aspect dodu et sa couleur bronze, est d’avoir au bout de l’abdomen, une sorte de ventouse rouge-orangé qui, comme ses 6 pattes, lui sert à se déplacer le long des tiges.
Pour aller plus loin sur le crache sang …., ou … Voir une galerie de Chrysomelidés.
Mais revenons-en aux scarabées : Leur caractéristique, c’est leurs antennes en forme de massue qui se terminent par trois lobes ressemblant à des feuilles. Les lobes cachent des membranes sensitives.
Au sortir de la forêt où Chrystèle à vu s’enfuir un renard roux, nous rencontrons ces 3 espèces :
Vous aurez reconnu la doucette, Valerianella locusta, cette Mâche est une petite plante herbacée annuelle de la famille des Caprifoliaceae, originaire de l’Afrique, de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie. C’est de cette espèce que sont issues les variétés cultivées consommées le plus souvent crues en salades.
-Le Populage des marais, Caltha palustris de la famille des Renonculacées.
-L’Anémone sylvie, Anémone des bois, Anemone nemorosa, Renonculacée des sous-bois feuillus frais où elle peut former des tapis qui peuvent être denses. Son cycle végétatif précoce lui permet de profiter de la lumière avant que les feuillages des arbres n’obscurcissent les sous-bois.
Nous avons ensuite remonté le chemin contournant Roche noire par l’ouest pour découvrir 2 Lamiacées : Lamium maculatum, le Lamier maculé ou Lamier tacheté et Lamium purpureum, le lamier pourpre, une petite brassicacée : la Drave printanière (Draba verna) dont le nom a changé pour Erophyla verna. La fleur est constituée de quatre pétales bifides de couleur blanche. Le fruit est de forme ovale comme les feuilles de la rosette basale. Toujours en remontant, des pulmonaires (Pulmonaria montana, Boraginacée).
-Nous avons alors observé à la loupe les fleurs d’une boule de gui pour en déterminer le sexe.
Ci-dessous, à droite la fleur femelle, à gauche la fleur mâle par l’excellent site notesdeterrain :
Voici ce que nous avons observé à la loupe.
A vous de déterminer le sexe de la boule de gui que nous avons observée !
Voir davantage d’informations sur le gui dans mon observation du 10 février 2023.
Pour aller plus loin :
Lien 1 : Biologie ENS LYON.
Lien 2 : notesdeterrain.
L’Érable champêtre (Acer campestre), une Acéracée, est un arbre pouvant atteindre 10 mètres.
Ici, nous avons observé les rameaux d’un très jeune arbre de 1,5m de haut, présentant une écorce liégeuse particulièrement côtelée, isolante, cannelée et apte à faire des perchoirs pour les gallinacées pondeuses d’où le nom populaire de bois de poules.
Petite potentille des sous bois et des haies à l’aspect général d’un petit fraisier.
Elle est reconnaissable à ses petites fleurs à pétales blancs, très espacés et formant chacun un coeur pointé vers le centre.
Les sépales verts sont visibles entre les pétales blancs.
N.B. : P. sterilis est stolonifère.
-Enfin, un des buts de cette sortie était d’observer des figures particulières sur les feuilles de ronce. Le travail de la mineuse de la Ronce que nous reprenons le lendemain durant la diaporama grâce à Chrystelle qui en avait collecté pour chacun de nous, ce qui a permis aux absents à la sortie d’en profiter.
Nous avons appris à lire ces feuilles de ronce. Mais quelle est l’origine de ces hiéroglyphes étranges ?
Le responsable est la mineuses de la ronce : une larve de micro-papillon.
Au départ, la femelle du papillon Stigmella aurella dépose un œuf, on peut les observer au printemps (avril-mai) et ensuite en août (seconde génération).
N.B. : le genre Stigmella comporte 428 espèces dans le monde dont plus d’une centaine en Europe.
La jeune larve éclot et entame tout de suite le creusement de sa galerie d’abord hyper étroite. Progressant entre les 2 épidermes foliaires, elle creuse dans la feuille un corridor plus ou moins sinueux qui va en s’élargissant, car elle sgrossit en se nourrissant de ce qu’elle trouve devant elle. Elle effectue ses mues successives et au fur et à mesure, sa galerie devient de plus en plus large. La mine apparaît comme une ligne blanche au niveau de l’épiderme supérieur; de dessous, la mine apparaît sous la forme d’une ligne avec un halo rougeâtre tout autour. La larve finira par se transformer dans sa chambre nymphale pour quitter la feuille et s’envoler comme l’ont fait ses parents avant elle.
Roland n’a pas perdu une miette de cet exposé, il peut dire aujourd’hui qu’il sait ce que la ronce vaut …
Pour en savoir plus …..