Sortie Vergisson du 14 juin proposée et animée par Claudette.
Textes et photos de Claudette.
Nous avons prospecté une très petite zone avec une approche un peu plus pédagogique qui a constitué à relire sur la flore de Bourgogne de Bugnon les descriptions des plantes déjà déterminées.
D’abord Allium sphaerocephalon, l’ail à tête ronde, une Amaryllidacée. Nous avons détaillé les étamines internes tricuspides, l’ombelle ronde de fleurs pourpres avec sa spathe à deux valves, ses 4, 5 feuilles engainantes et et son bulbe avec des caïeux pédicellés. La population de cette espèce pas si fréquente, qui apprécie les sols chauds type pelouses à orpins, était importante.
Ensuite Stachys recta, l’épiaire droite, plante courante de ces teppes chaudes. Sa couleur crème la rend facile à identifier. Nous avons observé sa tige velue, ses feuilles passant d’oblongues à linéaires vers le haut et son épi de fleurs au sommet groupées en faux verticilles (en fait les fleurs sont à l’aisselle de chacune des deux bractées opposées). Utilisé autrefois en pharmacopée contre fièvre et épilepsie, ses feuilles servaient aussi à faire une sorte de thé.
Puis Teucrium chamaedrys, la germandrée petit-chêne, une autre Lamiacée, très abondante. Nous avons vu que c’était un sous-arbrisseau nain car la tige est lignifiée à la base, gazonnant. La plante n’est pas très haute, environ 10 cm, les feuilles un peu coriaces sont plutôt crénelées, luisantes dessus, pubescentes dessous. Le calice de 5 à 8 mm est poilu et rougeâtre et les fleurs à morphologie typique de Lamiacée sont d’un rose mauve soutenu. Cette plante est mellifère et dans la région, on la faisait infuser dans de l’eau-de-vie pour en faire une liqueur.
Autre Lamiacée, beaucoup moins courante celle-là, quasi exclusivement sur terrain calcaire chaud Teucrium montanum, la germandrée des montagnes se présente en gazon compact de quelques dizaines d’individus. Moins haute que T. chamaedrys, elle se distingue aussi par la couleur crème de ses fleurs, ses feuilles petites elliptiques, entières et poilues à bords un peu révolutés ( nous avons vu à la loupe les marges des feuilles roulées vers le dessous)
Nous avons ensuite observé les inflorescences séchées des Muscaris. La différence nette entre celle du Muscari neglectum avec ses graines noires bien visibles dans les capsules à trois loges …
… et celles du M. comosum (le muscari à toupet) plus élevée avec ses capsules trigones encore vertes non ouvertes.
Ensuite notre regard a été attiré par le très beau Melampyrum arvense, dite communément rougeole!, une Orobanchacée car parasite au début de son développement où elle aspire la sève brute des plantes alentour. On la reconnaît facilement à son épi dense de fleurs à corolle purpurine à gorge jaune et à bractées pourpres.
Une Apiacée ensuite, Torilis arvensis dont la floraison démarre et qui est très fréquente.
Dans le chemin compacté qui mène à l’abri, on voit Bombycilaena erecta, le micrope dressé, une Astéracée courante sur les sols calcaires pauvres, reconnaissable à sa petite taille et à son aspect gris-blanc laineux comme les cotonnières et à ses glomérules dépassés par la feuille inférieure.
Ensuite Coronilla minima, une Fabacée petite avec sa couronne de 5 à 10 fleurs jaunes et ses feuilles à 2 à 10 paires de folioles. On pourrait la confondre avec Hippocrepis comosa, une autre Fabacée à couronne jaune. Les feuilles de cette coronille sont plus rondes et sessiles. Les fruits (non encore présents) sont différents : gousses allongées à plusieurs segments de 4 à 5mm pour la coronille alors que pour H. comosa, la gousse est formée de plusieurs segments en fer-à-cheval ce qui lui vaut son nom vulgaire.
Echium vulgare, la vipérine, une Boraginacée, est une plante courante facile à identifier.
Tige et feuilles à poils si raides qu’ils sont piquants. Fleurs mauves avec 4-5 étamines très longues, rose vif, dépassant la corolle.
Plus rare, Linum tenuifolium est une Linacée typique de ces teppes chaudes. Ses pétales sont roses pâles, ses feuilles très fines ont des marges scarieuses rugueuses, ce que l’on perçoit bien au toucher.
La plante a un aspect grêle.
Petrorhagia prolifera ou œillet prolifère est une Caryophyllacée discrète avec ses petites fleurs rose pâle au dessus d’un calice renflé à écailles brun clair de tailles différentes.
Bien différente de ces deux autres Caryophyllacées :
– Dianthus carthusianorum, l’oeillet des Chartreux avec ses têtes de fleurs denses ( jusqu’à 8 ) aux calices groupés à bractées brunes coriaces.
-L’œillet des rochers est reconnaissable à son très long calice cylindrique vert clair (environ 2 cm) à deux bractées vertes très courtes.
C’est une plante des Alpes du sud, du Jura et des sables de la vallée basse de l’Ain.
En Bourgogne elle se réfugie sur les teppes chaudes et dans les anfractuosités de rochers.
Ajuga chamaepitys, le bugle petit-pin est une Lamiacée des pelouses sèches avec sa fleur jaune à marques rouge pourpre et avec une tige très feuillée et des bractées semblables aux feuilles. Elle possède des feuilles visqueuses, pubescentes et profondément divisées en trois à cinq segments. Ses tiges sont couchées, rameuses et velues.
Nous avons vu trois Sedums :
Sedum acre, l’orpin âcre ou poivre des murailles et Sedum rupestre ou orpin réfléchi, avec des feuilles linéaires charnues brunes ressemblant à des écailles. Ces deux Crassulacées ont des fleurs jaunes vif.
Sedum album très courant a été vu dans le chemin caillouteux.
Beaucoup plus rare est Bupleurum baldense ou buplèvre du Mont Baldo (en Italie près du lac de Garde). C’est une plante du sud de la France et du littoral atlantique qui aime les pelouses calcaires sèches et les garrigues. Petite de 5 à 30 cm, ses bractéoles larges d’environ 1 mm sont disposées en cupule au fond de laquelle on aperçoit les petites fleurs jaunes verdâtres disposées en ombelle compacte à 3-4 rayons.
C’est donc bien une Apiacée.
Nous verrons aussi Euphorbia lathyrus, Euphorbe épurge ou herbe aux taupes.
Ainsi que des Anacamptis pyramidalis, l’Orchis pyramidal en fin de floraison.
Il y a aussi un magnifique Carduus nutans, une Astéracée bisanuelle dont les capitules (de 3 à 5 cm de diamètre) prennent un port penché lorsqu’ils sont épanouis.
Cette teppe est aussi très riche en Fraxinus Ornus, le frêne à fleurs, une Oleacée originaire du midi et des Alpes du sud dont les fleurs blanches en panicules fournis donnent des samares très allongées en grappe.
En conclusion, c’est donc toute une flore des teppes chaudes calcaires aux roches écorchées, que nous avons pu observer. Cette flore particulière est celle de l’alignement Leynes, mont de Pouilly, Solutré, Vergisson et Mont Sard.